Interview de M. Kaci Ait Yala, Président de la CACI France : « Notre mission, favoriser et développer les échanges économiques»


M. AIT YALA, actuellement président de la Chambre Algérienne de Commerce et de l’Industrie (CACI France), a  accordé un entretien exclusif au Journal L’Eco News paru dans les colonnes de L’Éco (N°97 / du 1e  au 15 octobre 2014), dont voici le contenu :

L’Eco : Votre désignation en tant que Président de la CACI France, par le ministre du Commerce, Amara Benyounes, en présence de Son Excellence l’Ambassadeur d’Algérie à Paris, Amar Bendjemaa, et du Directeur Général de la CACI Algérie, Mohamed Chami, est l’aboutissement d’une longue carrière.

Racontez-nous…

Kaci Ait Yala : Vous mettez le doigt sur le facteur temps que je n’ai pas vu passer. Dieu merci, aujourd’hui, l’Algérie est sortie de la zone de turbulences et s’est résolument engagée sur la voie du développement. Sur le plan économique, on vit une période de transition vers une économie de marché. Une restructuration économique capable de préparer notre pays à l’après pétrole. La CACI France s’inscrit dans cette perspective d’accompagnement de toute démarche structurante Notre mission est de favoriser et développer les échanges économiques, commerciaux, industriels et financiers, promouvoir les relations d’affaires entre la France et l’Algérie. Fédérer et mettre en relation les entrepreneurs français d’origine algérienne en dehors de toute préoccupation politique ou confessionnelle, réunir des expertises franco-algériennes multiples au service des investisseurs et administrations algériennes et permettre le Networking autour de ces expertises, mettre en place une veille socio-économique régulière sur l’Algérie au profit des experts, entreprises, institutions et décideurs en général, promouvoir le « Made In Algeria » en France, promouvoir et renforcer les échanges économiques et initier des projets de partenariat entre la France et l’Algérie, assurer la promotion des métiers, de l’esprit d’entreprise, de l’apprentissage, de l’insertion sociale et de la formation professionnelle, y compris par des actions d’information et de communication, le marketing et les études qui découlent de ces activités.

Devant la prolifération des organisations patronales, à l’exemple de la Chambre française de commerce et d’industrie en Algérie (CFCIA), quel rôle aura la CACI France ?

La CACI France est l’équivalent de la CFCIA en Algérie. Je pense qu’il y a trois maîtres mots : réciprocité, complémentarité et cohérence. La Chambre Française de Commerce et de l’Industrie en Algérie représente les intérêts de l’entreprise française en Algérie, la Chambre Algérienne de Commerce et de l’Industrie a,quant à elle, la vocation de faire la même chose en France. Nos statuts prônent un travail en parfaite harmonie avec l’ensemble des organisations patronales et chambres de commerce. Le seul parti que nous prenons, est celui de toujours faire mieux pour le bien de notre pays.

Saura-t-elle fédérer les autres organisations pour parler et agir d’une seule voix ?

Justement, lors de notre première rencontre avec Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur d’Algérie en France, ce dernier nous a suggéré d’intégrer dans nos statuts la possibilité de faire adhérer toute association ou organisation française travaillant à destination de l’Algérie. Ce qui fut fait. Nous accueillons absolument toutes les bonnes intentions.

La CACI France a, entre autres missions, celle d’entreprendre toute action visant la promotion et le développement des différents secteurs de l’économie nationale et leur expansion notamment en direction des marchés extérieurs. La CACI France saura-t-elle s’imposer comme un interlocuteur crédible vis-à-vis des éventuels investisseurs étrangers ?

D’abord, il y a eu un manque cruel d’une interface organisée et structurée qui puisse être un trait d’union entre les deux pays. La CACI France constitue donc une nécessité et se positionne comme une véritable passerelle entre les deux rives. La mise en commun des expertises de chacun de ses membres garantira son développement.

Le professionnalisme de son personnel sera sans failles. La crédibilité dans les affaires est une exigence incontestable, la transparence fait loi. En Europe, particulièrement en France et en Allemagne, le circuit bancaire, la normalisation, la traçabilité et la qualité protégeront de fait notre institution. Et à ce propos, notre crédibilité viendra de la qualité de nos membres et de notre efficacité à leur faciliter les démarches. La CACI France, et son prolongement dans les diverses CACI régionales en Algérie, aura l’efficacité escomptée. La notion d’intelligence économique (IE) sera au cœur de notre institution, notamment en ce qui concerne la collecte de l’information stratégique pour nos adhérents, les prémunir de tous risques, les aider à protéger leurs entreprises et enfin défendre et représenter les intérêts de nos acteurs économiques au sein des pôles décisionnels. Pour ce faire, la CACI France proposera une gamme complète de services d’appui aux entreprises en matière de recherche d’informations, d’accès à des bases de données ciblées pour les phases de prospection ou d’études de marché. Nos adhérents pourront bénéficier de l’excellent maillage territorial de la CACI en Algérie, qui garantit une parfaite connaissance du tissu économique local. Nous développerons par ailleurs un dispositif de veille sectorielle qui sera mis à la disposition de nos adhérents afin de recevoir les dernières informations relatives à un secteur précis, un accès à des appels d’offres, aux opportunités d’affaires émanant de la CACI Algérie etc.

…Nous accompagnerons aussi nos adhérents à élaborer toutes les formalités de création administrative et juridique de l’entreprise, l’organisation de planning de rendez-vous, de mises en relation, etc… Des évènements seront régulièrement organisés (des salons en France à forte valeur ajoutée, des petits déjeuners d’affaires, des évènements BtoB par thèmes…).

Il est recommandé à la CACI France d’organiser ou de participer à l’organisation de manifestations économiques, particulièrement à l’étranger, visant la promotion et le développement des activités économiques nationales et des échanges commerciaux avec l’extérieur. Des crédits sont indispensables pour mener à bien ses missions. La CACI France sera-t-elle soutenue financièrement par les pouvoirs publics ou comptera-t-elle seulement sur les cotisations de ses adhérents ?

C’est le nerf de la guerre et toutes nos ambitions – aussi louables soient-elles- ne valent rien sans moyens financiers pour soutenir nos projets. Ainsi, la CACI France aura recours à divers financements en toute transparence. La gestion budgétaire est publique et est régie par la loi 1901 relative aux associations établies en France. Nos statuts stipulent clairement que les ressources de CACI France se composent des cotisations versées par les membres qui en sont redevables, des subventions accordées par l’Etat et autres collectivités publiques; des dons manuels, notamment dans le cadre du mécénat; des intérêts et revenus des biens et valeurs appartenant à l’Association et de toute autre ressource autorisée par la loi. Suite à cela, la CACI France s’engage à présenter ses registres et pièces comptables sur toutes réquisitions émanant des autorités compétentes.

Enfin la CACI France saura-t-elle établir les passerelles, souvent obstruées, entre la diaspora algérienne basée à l’étranger et leur pays d’origine ?

Vous touchez à un point qui me tient particulièrement à cœur : en tant qu’émigré et fils d’émigré, j’ai toujours été soucieux d’entretenir le lien avec notre pays d’origine, en lui manifestant mon soutien durant les années difficiles, où j’ai choisi d’investir malgré le contexte de l’époque. Aujourd’hui, il est incontestable que le potentiel d’inputs vers notre pays est tel, qu’il dépasse très largement toutes les difficultés rencontrées. La diaspora algérienne en France manifeste en permanence son intérêt pour le pays. L’Algérie est un modèle d’attractivité : elle dispose d’un potentiel énergétique inégalable, d’une main d’œuvre des moins chers au monde, d’une population socialement soutenue par une politique gouvernementale (santé, culture, logement, transport, instruction et formation professionnelle etc.) et d’une surface territoriale qui fait cinq fois la France. La CACI France, par son positionnement, la qualité de ses membres et son implantation de proximité, œuvrera sans relâche pour canaliser la manne financière de notre diaspora en direction du pays. On parle d’une base potentielle de plus de 200 milliards d’euros. Franchement cela vaut la peine de s’en occuper.

 

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