L’écrivain mexicain de renom Alberto Ruy-Sánchez était l’hôte pour la première fois de l’Algérie et particulièrement de la ville d’Oran. Un séjour particulièrement riche qui a permis à l’auteur de mettre à profit sa longue expérience inspirée du désir de la découverte et de l’exploration. Au siège de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Oranie, M. Alberto qui était accompagné de son excellence Juan Gonzalès Mijares ambassadeur du Mexique à Alger, de M. José Maria Ferré consul général d’Espagne à Oran, du consul du Maroc à Oran, du directeur de l’Institut Cervantès à Oran, du président de la CCIO et de nombreux convives a essayé de retracer la richesse et l’intérêt de l’influence arabe dans la civilisation mexicaine.
«Mon premier contact avec le Maghreb a été avec le Maroc», a-t-il indiqué, un voyage qui a permis à l’écrivain de développer son travail de recherche et de puiser son inspiration dans la découverte de la tradition arabo-andalouse. Poète de la peau et sa langue, l’auteur conteur de Mogador donne à travers ses romans une vie à des personnages qui explorent les territoires du désir, du rêve et de l’ailleurs. Dans la ville de Saouiria au Maroc, le conférencier a mis l’accent sur le déclic qu’a eu ce voyage dans l’entame de sa carrière d’écrivain. Une halte au marché de la ville marocaine a représenté une véritable source d’inspiration pour un visiteur avide de conquêtes et de recherches.
Dans un récit captivant, l’auteur a décrit ces liens forts de plusieurs siècles entre la civilisation arabo-andalouse et le Mexique où ces tissages sont palpables, selon le conférencier, dans ces produits de l’artisanat vendus au marché marocain et dont les modèles sont identiques à ceux trouvés dans la ville de Talavela. En effet, le Mexique a hérité de ce modèle urbain arabo-andalou que l’on trouve dans les tissus berbères, dans la construction, la poterie entre autres. Ces impressions mexicaines que l’écrivain retrouve durant tout son séjour au Maroc retracent ce désir de l’inconnu et l’amènent à mettre en exergue ce brassage de civilisations dans ses écrits. Il cite dans ce registre quelques mots arabes employés au Mexique à l’exemple de l’huile de table (aceité) et l’huile d’olive (aceitunas). «Les mots arabes sont restés dans la poésie indigène mexicaine», a-t-il souligné. En étant réceptif à toute cette richesse et à ces messages, M. Alberto décide que sa voix d’écrivain soit donnée à ces dimensions à travers un cycle de romans sur les désirs féminins tout en s’inspirant de la structure de l’artisanat, de la poterie.
Né à Mexico en 1951, Alberto Ruy-Sánchez a étudié à Paris où il obtient son doctorat et aborde une carrière d’éditeur. Il dirige depuis 1987 la revue Artes de Mexico. C’est également en 1987 qu’il publie son premier roman «Les visages de l’air» (Los nombres del aire), qui se déroule au Maroc et obtient un succès fulgurant. Il décroche en effet le prestigieux prix Xavier Villaurrutia et l’ouvrage devient un roman culte, largement réédité au Mexique et traduit en plusieurs langues. L’auteur poursuit son exploration du désir dans des romans tels que Les lèvres de l’eau (En los labios del agua) ou La main du feu (La mano del fuego). Plus d’une vingtaine de titres composent son œuvre qui se partage entre romans, récits, poésie ainsi que de nombreux essais sur la littérature et les arts.