Les mutations et les réformes multidimensionnelles qui s’opèrent dans les différents secteurs de l’économie nationale, sont sous la loupe de nombreux experts et autres spécialistes des questions de développement, à l’aune de la conjoncture actuelle qui marque l’achèvement de la mise en œuvre du plan quinquennal 2010-2014.
C’est le cas du professeur Abdelhak Lamiri, spécialiste en économie de développement qui vient de marquer cette étape par la présentation d’une série de propositions pour une réelle relance de l’économie nationale dans un récent ouvrage intitulé « la décennie de la dernière chance, émergence ou déchéance de l’économie algérienne ? » . Les recommandations présentées dans l’ouvrage en question, interviennent après avoir passé en revue le progrès et les retards relevés dans différents secteurs économiques.
Cependant, en se projetant dans le futur, le professeur Lamiri suggérera, en guise de perspectives, un scenario d’émergence de l’économie nationale tout en insistant que « ce cas de figure a peu de liens avec la situation internationale du marché de l’énergie. Il dépend surtout des décisions internes. Nous avons à peine quelques années pour le réaliser. Les décideurs changent radicalement d’outils et de méthodes. Un nouveau plan est décrété. Il cible les facteurs clés de succès ». Une fois les conditions d’émergence sont créées, fait-il comprendre, « l’institution cerveau est érigée et une nouvelle vision est créée et diffusée, le peuple est mobilisé autour d’objectifs qui lui donnent fierté et motivation de travailler ». L’objectif principal assigné à cette option consiste à faire de l’Algérie un pays émergent à l’horizon 2025 et un pays développé en 2050. La stratégie de développement voit le jour avec la participation de la vaste majorité des Algériens.
Au chapitre relatif à la mise en œuvre dudit programme, le Pr Lamiri prévient que « nous n’avons pas besoin de refaire le même cheminement que celui des pays développés. Nous pouvons passer rapidement aux activités du futur : nanotechnologies, industries vertes, énergies renouvelables etc. ». Pour lui, les processus de rattrapage sont en effet rapides de nos jours. En d’autres termes, l’Algérie est en mesure de rattraper les retards dans les différents secteurs économiques dans peu de temps, alors que les futures ressources seront affectées prioritairement aux axes principaux, comme, entre autres, le développement humain, la modernisation managériale, la mise à niveau des entreprises et le financement de la création des entreprises privées.
Pour ce qui est du premier point, c’est l’option dite développement qualitatif humain qui est suggéré. A cet égard, il est souligné qu’« en plus de moderniser le système éducatif, il y a lieu de procéder au recyclage de toutes les personnes opérationnelles et mettre en œuvre toute une ingénierie pédagogique pour que les universités et les centres de formation professionnelle se mettent au niveau mondial ».
Concernant la modernisation managériale des entreprises, il est recommandé d’aller vers « l’usage des TIC qui sera d’un grand secours. Mais c’est surtout le passage à un management moderne qui sera prioritaire. L’état lui-même sera organisé et géré selon les typologies de pays qui réussissent ». Pour le tissu productif, c’est « l’orientation des ressources vers la création et le développement des entreprises privées et publiques efficaces qui est retenue ». Cette démarche, pour M. Lamiri, permettra de passer de 640 000 entreprises à 1,5 million d’entreprises en dix ans. Lequel challenge est réalisable à travers les pépinières et les incubateurs qui se généraliseront, cependant il sera opté pour le financement du développement des entreprises productives, au lieu de l’importation au moment où les financements affectés aux infrastructures doivent être situés entre 15 et 20% seulement.