Réduction des importations, le but a-t-il été atteint?


Le nouvel objectif du gouvernement Sellal quant à la réduction des importations pour 2017 est de 35 milliards de dollars; après avoir réduit celles ci de 58,6 milliards de dollars en 2015 à 46,7 milliards de dollars en 2016. Est-ce réalisable? L’objectif est-il crédible? Éléments de réponse.

Gagner du temps De prime abord, le chiffre de 35 milliards de dollars parait stupéfiant. Une réduction de près de 12 milliards de dollars par rapport à 2016, soit une amputation du quart des importations du pays. Comparé à 2016, c’est 40% en moins. Comment le gouvernement compte-t-il opérer une telle prouesse ? Les services du Premier ministère n’apportent aucune explication. Jusqu’à présent, le gouvernement a recouru à des restrictions par le biais des licences pour le commerce extérieur. Le gouvernement joue également la montre : les licences ne sont délivrées au début de l’année mais avec quelques mois de retard. Nous sommes en mars et les décisions sur les licences ne sont toujours pas connues.

À ce rythme, les premières importations de véhicules par exemple interviendraient au mieux en mai prochain. C’est au moins quatre mois d’importations de gagnés sur l’année. De quoi réduire mécaniquement la facture. Autre mesure : les ministres, comme celui du Commerce, Abdelmadjid Tebboune, se relaient pour annoncer une interdiction des importations, lorsqu’il existe une production locale. C’est le cas actuellement pour les agrumes et la pomme par exemple. Le même ministre évoquait également, dans un entretien à TSA, l’introduction de normes (efficacité énergétique, sécurité…) pour réduire les achats extérieurs de l’Algérie.

Où le gouvernement va-t-il couper ? C’est effectivement une solution potentiellement efficace et qui n’enfreindrait pas les engagements internationaux de l’Algérie (accord avec le FMI, accords de libre- échange avec l’Union européenne ou les pays arabes), assure le gouvernement. Seulement, de telles mesures permettraient-elles de réduire ces importations dans les proportions annoncées ?

Le doute est permis. Ces deux dernières années (2015 et 2016), le Premier ministre a annoncé des objectifs de réduction plus modestes, soit 15%, qui n’ont pas été atteint (9% en 2016). Loin s’en faut. Par ailleurs, ces baisses ont été également rendues possibles par des variations négatives des cours mondiaux, notamment en ce qui concerne les importations alimentaires. Mais les cours ne vont pas baisser durablement. Mais au-delà de la valeur des importations, une autre question se pose. Quelles importations le gouvernement compte-t-il « supprimer » pour atteindre son objectif ?

Au vu de la structure des importations, les autorités auront bien du mal à restreindre les importations sans impacter la production nationale et/ou sans créer d’éventuelles tensions ou pénuries sur certains produits alimentaires, contrairement à ce qu’affirme le Premier ministère et d’autres membres du gouvernement. En effet, sur les 46,7 milliards de dollars d’importations en 2016, plus de 30 milliards représentent des acquisitions de biens d’équipement (15,89 milliards) et de bien destinés à l’outil de production (14,33 milliards). Ces derniers semblent strictement intouchables, à moins de vouloir pénaliser les entreprises nationales, notamment le poumon de l’Algérie qu’est la compagnie pétrolière Sonatrach, l’un des principaux importateurs de ces équipements pour assurer la production en pétrole et en gaz. Tout au mieux, le gouvernement pourra-t-il « rationaliser » ces importations et encourager la production nationale à s’y substituer. Tout un programme qui ne peut en aucun cas se décréter d’une année sur l’autre.

Le reste des importations se compose notamment de 8,22 milliards de dollars de biens alimentaires. Là encore, diverses mesures ont déjà été prises, notamment en rehaussant les taxes sur les produits dits « de luxe », mais il est difficile d’envisager des coupes plus sévères sans remettre en cause l’approvisionnement du pays.

Si des mesures aussi brutales sont envisagées, ce qui pourrait être un début de stratégie de substitution aux importations, doublé d’une forte volonté politique, risquerait de finir par ressembler à une réaction de panique du gouvernement face à la détérioration des positions extérieures de l’Algérie.

 

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